par Dominique Thussier.
PRÉFACE
Qui fut réellement Pauline Tarn, alias Renée Vivien ? Sa vie et son oeuvre ont certes fait couler beaucoup d'encre, mais pour apporter quelles réponses, donner quelles certitudes ?
Après être demeurée un certain temps dans l'oubli, c'est grâce à la merveilleuse initiative de Régine Deforges, en 1986, que son oeuvre poétique complète fut rééditée, et une nouvelle biographie publiée. Nous n'en étions pas encore à l'heure de l'Internet, et tous ses livres, de même que ceux de ses précédents biographes, étaient devenus introuvables ! Ainsi de nombreuses personnes eurent enfin la possibilité de découvrir, ou redécouvrir cette poétesse qui s'était toujours crue incomprise et mal aimée... Et pour sûr, la critique de son époque n'avait pas été des plus tendres avec ces premières femmes auteurs qui osaient aborder ouvertement des thèmes plutôt controversés, comme le féminisme et l'homosexualité féminine... Pourtant, Renée Vivien ne s'est jamais voulue subversive, n'a jamais prétendu à l'accession à une quelconque notoriété (néanmoins, il nous est permis de penser qu'elle aurait certainement souhaité, et ce, d'une manière plus que légitime, être reconnue un tant soit peu parmi ses pairs du milieu des Arts...) ; elle voulait seulement exprimer, partager son univers particulier, avec le bien pusillanime espoir que celui-ci serait apprécié, mais surtout compris, par quelques âmes qu'elle espérait d'une sensibilité toute semblable à la sienne.
Si certains l'on dépeinte comme un être évanescent, d'une extrême fragilité..., d'autres comme une femme moderne, libérée, qui aurait entièrement assumé son identité sexuelle avant l'heure... En réalité, Renée Vivien était avant tout une âme, un être mystique, qui vivait l'Amour - le but et le sens véritable de son existence, puisqu'il était comme pour la plupart des artistes, la source unique de son inspiration - sur un plan quasi éthéré, en survivant toutefois, tant bien que mal, dans un corps avec lequel elle ne parvenait à se réconcilier. Elle rêvait d'incarner un personnage androgyne : une femme de force et de douceur, un homme de dévotion et de raffinement... Bref, ce prince-princesse charmant, tant de fois évoqué, et qu'elle avait parfois cru reconnaître en certaines femmes aimées... Nathalie suscitera une passion révélatrice pour la Femme, mais surtout dévastatrice, car Pauline ne pourra la vivre avec elle aussi densément dans la chair... Violette suscitera une passion révélatrice pour les Arts, mais surtout une amitié pour le moins ambiguë... - en tout cas, une relation qui n'aura peut-être pas été aussi bénéfique qu'on a voulu le laisser entendre, car, au final, cette dernière plongera Pauline dans un sentiment de culpabilité démesuré, lequel sera à l'origine de sa déchéance alcoolique, qui la mènera jusqu'à sa mort. En vérité, ni l'une ni l'autre n'auront été pour elle, et cette bien-aimée, et cette grande amie, dont elle avait si
hautement rêvé, ou plutôt qu'elle avait idéalisées... Quant à Kérimé , elle
demeurera son plus beau rêve oriental... Et même si leur passion fut davantage vécue sur le mode épistolaire, de nombreuses affinités culturelles, ainsi qu'une une grande complicité, auront été à l'origine de leur rapprochement de corps, mais surtout, d'âmes...
Mais alors... Et si l'Amie, la véritable, celle dont le tendre amour allait perdurer dans le temps, n'avait été autre que celle à qui la quasi totalité de son oeuvre fut dédiée, celle qui restera à son chevet jusqu'au dernier instant ?
À la mémoire d'Hélène de Zuylen.
(1863-1947)
© 2019, Dominique THUSSIER.
Ebook au format PDF
En téléchargement gratuit.
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